* * * * * * *
Ma bohème
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
– Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
Arthur Rimbaud
(1854-1891)
Ferai chansonnette nouvelle
Ferai chansonnette nouvelle
Avant qu'il vente, pleuve ou gèle
Madame m'éprouve, tente
De savoir combien je l'aime ;
Mais elle a beau chercher querelle,
Je ne renoncerai pas à son lien
Je me rends à elle, je me livre,
Elle peut m'inscrire en sa charte ;
Et ne me tenez pour ivre
Si j'aime ma bonne dame,
Car sans elle je ne puis vivre,
Tant de son amour j'ai grand faim.
Elle est plus blanche qu'ivoire,
Je n'adorerai qu'elle !
Mais, si je n'ai prompt secours,
Si ma bonne dame ne m'aime,
Je mourrai, par la tête de Saint Grégoire,
Un baiser en chambre ou sous l'arbre !
Qu'y gagnerez-vous, belle dame,
Si de votre amour vous m'éloignez ?
Vous semblez vous mettre nonne,
Mais sachez que je vous aime tant
Que je crains la douleur blessante
Si vous ne faites droit des torts dont je me plains.
Que gagnerez-vous si je me cloître,
Si vous ne me tenez pas pour vôtre ?
Toute la joie du monde est nôtre,
Dame, si nous nous aimons,
Je demande à l'ami Daurostre
De chanter, et non plus crier.
Pour elle je frissonne et tremble,
Je l'aime tant de si bon amour !
Je n'en crois jamais née de si belle
En la lignée du seigneur Adam.
Guillerme IX de Aquitânia
(1071 - 1127)
* * * * * * *
Livre de la vie
Va le talent et l’amitié
Dans les feuilles blanches peignées
De ce livre ses primeurs.
Mémoires de nostalgie
Restent ici représentant
Les diverses, disperses fleurs
Que dans le chemin de la vie
Se vont cueillant et exfoliant…
Et celle-ci est l’histoire connue
De toute la vie - et de la fleur
Qui est, qui a été ou qui sera.
Je laisse ici seule mémoire,
D’une sincère volonté
D’affection, de loyauté :
Doit avoir place dans l’histoire
Dont ce livre est le modèle
Que c’est l’histoire du cœur
Almeida Garrett
1799-1854
Beauté des femmes
Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles
Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal,
Et ces yeux, où plus rien ne reste d'animal
Que juste assez pour dire : " assez " aux fureurs mâles.
Et toujours, maternelle endormeuse des râles,
Même quand elle ment, cette voix ! Matinal
Appel, ou chant bien doux à vêpres, ou frais signal,
Ou beau sanglot qui va mourir au pli des châles !...
Hommes durs ! Vie atroce et laide d'ici-bas !
Ah ! que du moins, loin des baisers et des combats,
Quelque chose demeure un peu sur la montagne,
Quelque chose du cœur enfantin et subtil,
Bonté, respect ! Car, qu'est-ce qui nous accompagne
Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ?
Paul Verlaine
1844-1896
* * * * * * *
L’homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Charles Baudelaire
Le Prophète
Tourmenté d’une soif spirituelle,
j’allais errant dans un sombre désert,
et un séraphin à six ailes m’apparut
à la croisée d’un sentier.
De ses doigts légers comme un songe,
il toucha mes prunelles.
Mes prunelles s’ouvrirent voyantes
Comme celles d’un aiglon effarouché.
Il toucha mes oreilles,
elles se remplirent
de bruits et de rumeurs.
Et je compris l’architecture des cieux
et le vol des anges au-dessus des monts,
et la voie des essaims
d’animaux marins sous les ondes,
le travail souterrain
de la plante qui germe.
Et l’ange, se penchant vers ma bouche,
m’arracha ma langue pécheresse,
la diseuse de frivolités et de mensonges,
et entre mes lèvres glacées
sa main sanglante
il mit le dard du sage serpent.
D’un glaive il fendit ma poitrine
et en arracha mon cœur palpitant,
et dans ma poitrine entrouverte
il enfonça une braise ardente.
Tel un cadavre,
j’étais gisant dans le désert,
Et la voix de Dieu m’appela :
Lève-toi, prophète,
vois, écoute et parcourant
et les mers et les terres,
Brûle par la Parole
les cœurs des humains
Alexandre Sergueïevitch Pouchkine
Poèmes 19ème siècle
* * * * * * *
Ô nostalgie des lieux
Ô nostalgie des lieux qui n’étaient point
assez aimés à l’heure passagère,
que je voudrais leur rendre de loin
le geste oublié, l’action supplémentaire !
Revenir sur mes pas, refaire doucement
– et cette fois, seul – tel voyage,
rester à la fontaine davantage,
toucher cet arbre, caresser ce banc …
Monter à la chapelle solitaire
que tout le monde dit sans intérêt ;
pousser la grille de ce cimetière,
se taire avec lui qui tant se tait.
Car n’est-ce pas le temps où il importe
de prendre un contact subtil et pieux ?
Tel était fort, c’est que la terre est forte ;
et tel se plaint : c’est qu’on la connaît peu.
Rainer Maria Rilke, Vergers, 1926
Une allée du Luxembourg
Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.
C'est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D'un seul regard l'éclaircirait !
Mais non, – ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m'as lui, –
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, – il a fui !
Gérard de Nerval
* * * * * * *
Éloge de l'amour
Tout l'univers obéit à l'amour ;
Belle Psyché, soumettez-lui votre âme.
Les autres dieux à ce dieu font la cour,
Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme.
Des jeunes cœurs c'est le suprême bien
Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien.
Sans cet Amour, tant d'objets ravissants,
Lambris dorés, bois, jardins, et fontaines,
N'ont point d'appâts qui ne soient languissants,
Et leurs plaisirs sont moins doux que ses peines.
Des jeunes cœurs c'est le suprême bien
Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien.
(Jean de la Fontaine)
Motif
Je chante parce que l’instant existe
Et que ma vie est complète
Je ne suis ni joyeux, ni triste :
Je suis poète.
Frère des choses fugitives,
Je ne sens ni joie ni tourment.
Je passe des nuits et des jours
Au vent.
Que je détruise ou que j’édifie,
Que je reste ou que je m’efface,
- je ne sais pas, je ne sais pas.
Je ne sais pas si je reste
Ou si je passe.
Je sais que je chante. Et que la chanson est un tout.
Il y du sang éternel dans l’aile rimée.
Un jour je sais que je serais muet :
-plus rien.
Cecília Meireles
* * * * * * *
Balade de la neige
On frappe très légèrement,
Comme si quelqu’un m’appelait.
Ce sera la pluie ? Ce sont des gens ?
Des gens ne sont pas certainement
Et la pluie ne frappe pas ainsi
C’est peut-être la brise :
Mais il y a si peu, si petit peu,
Pas une aiguille ne bougeait
Dans la quiète mélancolie
Des sapins du chemin…
Qui frappe ainsi doucement
Avec une étrange légèreté,
Qui mal s’entend et mal se sent ?
Ce n’est pas la pluie, et pas les gens,
Ce n’est certainement pas le vent.
Je suis allé voir. La neige tombait
Du bleu grisâtre du ciel,
Blanche et légère, blanche et froide,
Il y a combien de temps je ne l’avais vue !
Et qu’elle nostalgie mon Dieu !
Je la regarde au-delà de la vitre.
Elle a mis tout de la couleur du lin.
Les gens passent et, quand ils passent
leurs pas impriment et tracent
Dans la blancheur du chemin.
Je reste regardant ces signaux
Des pauvres gens qui avancent,
Et je note, parmi plusieurs,
Les traits miniaturisés
Des petits pieds d’enfants...
Et déchaussés, endoloris...
La neige laisse encore les voir
D’abord bien définis
Et puis en longs sillons,
Ne pouvant plus les soulever !...
Que celui qui est déjà pécheur
Soufre des tourments, enfin !
Mais les enfants, Seigneur,
Pourquoi ont-ils tant de douleur ?!...
Pourquoi ils souffrent ainsi !
Et une infinie tristesse,
Une profonde perturbation,
Entre en moi, reste en moi retenue.
Tombe de la neige dans la Nature
Et tombe aussi dans mon cœur
Augusto Gil (1909)
* * * * * * *
Une Créature
Je connais une créature ancienne et formidable
Qu’à soi-même dévore les membres et les entrailles, Avec l’avidité d’une faim insatiable.
Habite conjointement les valles et les montagnes ;
Et dans la mer, qui se déchire, à la façon d’un abime,
S’éteint en convulsions bizarres.
A imprimé dans son front l’obscur despotisme ;
Chaque regard qu’il dispense acerbe et malsain,
Parait une expansion d’amour et d’égoïsme.
Froidement contemple le désespoir et la jouissance,
Aime le colibri, comme il aime la vermine,
Et lie à son cœur le beau et le monstrueux.
Pour lui le chacal, est comme la tourterelle, désarmée ;
Et marche sur la terre imperturbable, comme
Sur le vaste arealum vaste pachyderme.
Dans l’arbre qu’éclore son premier éclat
Vient la feuille qui lentement se déploie,
Depuis la fleur, et puis le soupiré bouton.
Ainsi cette créature est dans tout l’ouvrage :
Brule le sein de la fleur et lui corrompt le fruit,
Et c’est dans cette destruction que sa force se multiplie.
Aime d’égal amour le pur et l’impur ;
Commence et recommence un perpétuel labeur ;
Et souriant obéit au divin statut.
Tu diras que c’est la mort ; Je dirais que c’est la vie.
Machado de Assis
* * * * * * *
« Aux arbres »,
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme !
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous ! - vous m'avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour.
La contemplation m'emplit le cœur d'amour.
Vous m'avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l'esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l'œil dans l'herbe profonde,
L'étude d'un atome et l'étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu !
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s'élance,
Et je suis plein d'oubli comme vous de silence !
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, - je vous atteste, ô bois aimés du ciel ! –
J'ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon cœur est encor tel que le fit ma mère !
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds,
Ravins où l'on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives !
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m’aime !
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt ! c'est dans votre ombre et dans votre mystère,
C'est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m'endormirai.
Victor HUGO, Les Contemplations, 1856
À des amis qui partaient
Vous partez, chers amis ; la bise ride l'onde,
Un beau reflet ambré dore le front du jour ;
Comme un sein virginal sous un baiser d'amour,
La voile sous le vent palpite et se fait ronde.
Une écume d'argent brode la vague blonde,
La rive fuit. — Voici Mante et sa double tour,
Puis cent autres clochers qui filent tour à tour ;
Puis Rouen la gothique et l'Océan qui gronde.
Au dos du vieux lion, terreur des matelots,
Vous allez confier votre barque fragile,
Et flatter de la main sa crinière de flots.
Horace fit une ode au vaisseau de Virgile :
Moi, j'implore pour vous, dans ces quatorze vers,
Les faveurs de Thétis, la déesse aux yeux verts.
Théophile Gautier (1811-1872)
Recueil : Poésies diverses (1838-1845)
Poète, conteur et romancier portugais, un des grands exposants du modernisme au Portugal et un des plus réputés membres de la Génération Orphée.
Lointaine Mélodie
Dans un rêve d’Iris mort de l’or et de braise
Me reviennent souvenirs d’un autre Temps bleu
Qui me balançait entre voiles de tulle-
Un temps mince et léger, un temps-Aile.
Alors mes sens étaient des couleurs
Naissaient dans un jardin mes angoisses,
Avait dans mon âme Outres distances-
Distances que les suivants étaient des fleurs...
Tombée de l’Or que je pensais Étoiles,
Le clair de lune battait sur mon ignorer…
-Nuits-lagunes, comme vous étiez belles
Sous terrasses-lis de me souvenir !...
Âge accord d’Inter-rêve et Lune
Où les heures courraient toujours jade,
Où le brouillard était une nostalgie
Et la lumière – envies de princesse nue...
Colonnettes de son, arques d’Aimer,
Ponts d’éclat, ogives de parfum...
Domaine inexprimable d’Opium et feu
Que jamais, en couleur, je dois habiter...
Tapis d’outres Perses plus Orient...
Rideaux de Chine plus ivoire...
Dorés Temples de rites de satin…
Fontaines coulant l’ombre, lentement…
Coupoles-panthéons de nostalgies,
Cathédrales d’être-Moi pour sur la mer...
Escaliers d’honneur, escaliers seuls, dans l’air...
Nouvelles Byzance-Âme, autres Turquies...
Souvenirs fluides...Cendre de brocart...
Irréalité indigo qui en moi ondule...
-Autour de moi je suis Roi exilé,
Vagabond d’un rêve de sirène...
Mário de Sá-Carneiro (1890 / 1916)
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Correspondances
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Charles Baudelaire
Mai
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?
Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913
IMPRONPTU
Chasser tout souvenir et fixer la pensée,
Sur un bel axe d’or la tenir balancée,
Incertaine, inquiète, immobile portant ;
Éterniser peut-être un rêve d’un instant ;
Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ;
Écouter dans son cœur l’écho de son génie ;
Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ;
D’un sourire, d’un mot, d’un soupir, d’un regard
Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme,
Faire une perle d’une larme :
Du poète ici-bas voilà la passion,
Voilà son bien, sa vie et son ambition.
Alfred de MUSSET (1839)
LE MIROIR HUMAIN
" Frère nous nous voyons dans un miroir humain
Qu'on ne pourra jamais obscurcir ni briser...
Derrière nous la peur et la haine et la mort
Flétrissent le bonheur que nous avions rêvé
Mais devant nous à l'orient, le jour est né
Le présent tient dans ses mains fortes
Les germes d'une vie sans soucis et sans bornes...
La nuit se fait toute petite
Et la terre reflète un avenir sans tâche."
Paul ELUARD
UN BRIN DE LYS DE VALLÉES
Est-ce possible que tant de fraicheur
Dans nos vallées se cache encore
Pour nous apporter un signe de Beauté
Comme un rayon de soleil éclaire l’aurore !
Que son parfum sublime enveloppe ton cœur
Pour te rendre heureuse et pleine de splendeur
Comme la Lumière qui éclairant ton âme
Comme la goutte d’eau de la rosée du matin
Venant ainsi purifier tous tes lendemains
Qu’une vie sans cesse heureuse et sublime
Que tu partageras avec celui qui t’aime
Puisse te donner enfin un bonheur intime.
Que le Lys des Vallées, stimule ton bonheur
Que cette royale fleur avec tant d’humilité
Soit aussi pour nous un signe de bonheur
Que nous porterons jusqu’à l’éternité !
Joaquim
Mai 2021
MÉMOIRE D’UNE ÉPIDEMIE
I
Ces villes jadis vivantes
Dans un silence accablant
Je vois la mort roder
Pour tous ces habitants
Qui dans un acte d’errants
Ne veulent pas se protéger
IV
Je pense bien à la famille
Mais aussi à mes amis
Qui me semblent éloignés
J’aimerais pouvoir leur dire
Qu’ils ne sont pas si loin
Car ils sont dans ma pensée
VII
Il y a tous ceux qui risquent
Leur vie ou bien leur santé
Non pas pour leur bien-être
Mais parce qu’ils sont désignés
Pour nous aider à bien vivre
À protéger notre santé
II
C’est la guerre me dit-on
Avec l’angoisse régnante
Comme en pays occupé
Dans ce désert de pénitents
Quelques êtres s’aventurent
L’ennemi reste caché
V
Certains feraient le malin
Défiant toutes raisons
Comme des gens égarés
Sans respect et sans cervelle
Tout ce qui compte pour eux
C’est le plaisir momentané
VIII
À ceux-là ma révérence
Pour tant d’abnégation
De valeur manifestée
Protégez-vous aux mieux
Que rien ne vous arrive
Nous nous sentons concernés
III
Moi aussi comme beaucoup
Puisque l’ennemi semble fou
Je ne veux pas me risquer
Je suis bien les consignes
Je reste ainsi dans mon coin
Comme animal emprisonné
VI
La guerre, ils ne la voient pas
Vu que les bombes et les balles
Ne tombent pas à leurs côtés
Seul compte leur insouciance
C’est le départ en vacances
Même s’ils sont infectés
IX
Ne perdons pas l’espoir
De voir arriver le jour
D’une nouvelle beauté
Ce sera alors éclatant
La force de cet élan
Retrouvant la liberté
X
Proches enfin les uns des autres
Dans une nouvelle rencontre
Qui fut quelques temps égarée
Ce sera dans le bonheur
Avec la joie dans le cœur
Que nous penserons au passé
DS. Dionisio
Date de dernière mise à jour : 13/03/2024